Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/320

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ils passèrent dans la chambre. Farjolle se déshabilla rapidement et pénétra sous les couvertures. Il ressentit entre les draps blancs et frais un bien-être inexprimable, s’étira, changea de côté trois ou quatre fois, arrangea l’oreiller. Tantôt il s’allongeait, tantôt il se recroquevillait, et des murmures de contentement lui échappaient. Il oubliait l’arrestation, la prison, la police correctionnelle, tous les ennuis qu’il venait de subir. Il n’avait plus que la sensation délicieuse du repos après une dure fatigue.

Autour de lui, la lampe éclairait ses meubles familiers. Emma, devant la glace, dénouait ses cheveux dont les tresses luisantes glissaient jusqu’aux reins. Parfois, elle détournait la tête et lui jetait un regard dans le lit.

Elle se coucha à ses côtés, en l’embrassant passionnément, et tous les mauvais souvenirs de leur existence, toutes leurs angoisses s’évanouirent dans l’intimité profonde de cette étreinte.

Le lendemain, Farjolle, en se réveillant, lut les journaux, constata que son procès tenait à peine en quelques lignes, sans commentaires.

Il sauta à bas du lit, en s’écriant :

— Allons ! tout va bien.

Il ne fut pas surpris de se revoir là, auprès de sa femme qui souriait, dans son intérieur hier encore bouleversé.

Une nuit avait suffi pour lui rendre son insouciance des événements accomplis. Il ouvrit la fenêtre : le soleil éclairait la rue.

— Quel beau temps ! dit-il. Quand partons-nous ?

— Nous déjeunerons à onze heures et nous prendrons le train de midi et demi.