Ce mot rendit Farjolle triste. Il hocha la tête.
— La ferme ! En avons-nous fait des projets ? Hum ! Il va falloir joliment travailler maintenant pour nous tirer d’affaire, et encore…
— Ne te désespère donc pas, va ! Moi, j’ai confiance.
— Oh ! je ne désespère pas, répondit Farjolle. Ce sera ennuyeux de recommencer, voilà tout… Mais enfin, rien n’est perdu.
Emma souriait, très heureuse au fond, désirant déjà être au lendemain.
— Tu n’as pas beaucoup souffert, c’est l’essentiel… Bientôt tu ne penseras plus à tout ça…
— Ce qui me préoccupe, dit Farjolle, ce sont les soucis matériels que nous allons avoir… Pour le reste, ça m’est bien égal et ça n’a plus aucune importance. Il me semble que c’est arrivé à un autre.
Emma lui servit son café, bouillant ainsi qu’il l’aimait. Il y ajouta de la fine champagne.
— Bah ! nous verrons plus tard… Ne nous faisons pas de bile pour le moment.
— C’est ce qu’il y a de plus raisonnable, reprit Emma.
Elle lui tendit une bougie pour qu’il allumât son cigare et vint se placer à son côté, la tête appuyée contre son épaule, comme autrefois, lorsqu’ils combinaient des projets pour l’avenir. Une béatitude envahit Farjolle ; il fuma deux cigares consécutivement, en absorbant de la liqueur. Ils ne se parlèrent plus et restèrent quelque temps dans cette posture. Alors, Farjolle dit :
— Je commence à avoir sommeil… Si nous allions nous coucher ?