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Emma l’embrassa encore tendrement. Peu à peu, il s’assoupit et elle s’occupa du dîner pendant qu’il dormait. La question du chèque de Letourneur s’agita dans son esprit. Il fallait avouer évidemment et le plus tôt possible. À quel instant ? En dînant ? Cette nuit, au lit ? Demain ? Le chèque était là, dans l’armoire à glace, sous le linge. La dernière entrevue avec le banquier avait été cordiale. Letourneur lui avait fait cadeau d’un bracelet de grand prix. Elle ne gardait pas un souvenir trop douloureux de cette aventure.

Une idée lui vint :

— Au fait, c’est ce qu’il y a de plus simple… oui… demain… là-bas à la campagne.

À l’heure du dîner, elle réveilla Farjolle d’une caresse légère.

— Hein ? quoi ! fit celui-ci.

— As-tu bien dormi, mon chéri ? Te sens-tu mieux, dis ?…

Il se leva :

— Je me sens très bien et j’ai une faim de loup.

Emma avait donné congé à la bonne ; ce fut elle-même qui fit le service. Farjolle trouva sur la table les plats qu’il préférait ; il mangea avec un appétit solide, et but plus qu’à son ordinaire.

— Veux-tu me faire un grand, grand plaisir, mon chéri ? dit Emma, au milieu du repas… Demain, quand tu te seras bien reposé toute la nuit, nous prendrons le train… Le temps est beau… Nous irons du côté de Mantes, comme l’été dernier. J’adore ce pays-là.

— Parbleu ! moi aussi. D’ailleurs, j’ai besoin de prendre l’air.

— Nous monterons jusqu’à la ferme, tu te rappelles ?…