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intact dans sa caisse un reliquat de trente mille francs. Un homme décidé à faire un pouf ne s’arrête pas en chemin.

L’avocat insista beaucoup sur les trente mille francs. Puis il revint sur le commandant et le cribla de plaisanteries. Il l’appelait M. le commandant du cercle et disait qu’il avait assisté à plus de duels que de batailles.

Remboursé, le commandant retire sa plainte. Dans une spirituelles péroraison, Me Vernot lui souhaita de la chance au baccarat.

Cette plaidoirie obtint un succès énorme. Farjolle ne douta plus du résultat et vit, sans anxiété, le président et les deux juges se consulter à voix basse.

Le président prit des notes, et, au bout d’une dizaine de minutes, lut les considérants du jugement. Il y en avait plusieurs.

Au premier, Farjolle, étonné, crut à une condamnation ; le second était moins dur ; le troisième lui sembla contredire les deux premiers ; il ne comprit pas bien le suivant. Il passait ainsi par de cruelles alternatives. À la fin, il entendit les mots : « Pour ces raisons acquitte Farjolle… » marmottés.

Il essuya avec son mouchoir la sueur qui coulait de son front. Le président ordonna la mise en liberté immédiate, et appela une autre cause.

Farjolle se hâta d’accomplir au greffe les formalités d’usage et disparut avec son avocat. À la porte du palais, ils trouvèrent Brasier et le commandant.

Le commandant serra la main de Farjolle avec de grandes protestations d’amitié.

— Très spirituelle, mon cher, votre plaidoirie, dit-il