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de voix. Il se trouva assis sur un banc. Depuis dix minutes, il ne pensait plus à rien : un voile était tombé sur ses yeux et il ne distingua personne dans la salle emplie de curieux. À ces mots :

« Farjolle, levez-vous… » lancés par le président, il sentit un frisson le secouer. Il se dressa ; son sang-froid revint, et ses yeux virent clairement autour de lui. Il y eut un silence : l’interrogatoire commença.

Le président du tribunal, les deux coudes sur le tapis, maniait un coupe-papier ; l’un des juges regardait au plafond ; l’autre, de temps en temps, consultait discrètement une montre.

Farjolle dit ses nom et prénoms, son âge, le lieu de sa naissance. Le président récapitula l’histoire de la Bourse indépendante d’une façon malveillante ; à toutes les questions, Farjolle répondait d’un ton doux et posé ; il sourit à une plaisanterie du magistrat sur le départ de certains financiers pour la Belgique et se rappelant le système de défense indiqué par son avocat :

M. le commandant Baret avait des fonds en dépôt dans ma caisse depuis assez longtemps. Je les lui avais offerts plusieurs fois et il avait toujours refusé de les prendre pour ne pas être tenté de les risquer au baccarat. Une opération de bourse s’est présentée que j’ai crue excellente : je ne devais toucher de l’argent que quelques jours plus tard, comme le prouve la restitution que j’ai opérée, et je me suis servi, en attendant, des valeurs de mon client.

— C’est un abus de confiance.

— Je ne pouvais supposer que M. Baret eût besoin de son argent d’une minute à l’autre…

— Il a patienté huit jours.