Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/308

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Un mois se passa. Me Jacques Vernot se conduisit avec dévouement, étudia l’affaire dans ses moindres détails, se disposa à prononcer une plaidoirie brillante et ingénieuse. Il avait bien des chances pour lui, le commandant ayant retiré sa plainte. Certainement, si on n’avait pas traversé une époque de scandales financiers continuels, de poufs quotidiens, Farjolle eût été remis en liberté. Dans ces affaires-là, les gens qui restituent sont assez rares.

— En conscience, disait Farjolle, je ne vois pas pourquoi on me condamnerait.

— Il est infiniment probable qu’on ne vous condamnera pas… mais rien n’est certain en correctionnelle. L’abus de confiance est avéré, il y a donc délit.

Farjolle était à Mazas depuis cinq semaines. Me Jacques Vernot entra dans la cellule, et retroussant sa moustache :

— Enfin, c’est pour après-demain ! j’ai eu du mal.

— Ah ! fit Farjolle, devenant subitement un peu pâle… C’est après-demain, la correctionnelle ?

— Après-demain. Vous serez transféré au Palais vers midi.

L’avocat lui donna alors les dernières indications, des conseils sur les réponses qu’il devait faire au juge, sur l’attitude qu’il devait prendre.

— Ce sera dans les journaux, n’est-ce pas ? demanda Farjolle.

— C’est impossible à éviter.

Évidemment, il y aurait des camarades dans la salle de l’audience. Sans être une affaire célèbre, le procès Farjolle excitait une certaine curiosité dans le petit monde du boulevard et des cercles. Letourneur, Veru-