Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/307

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cependant, elle ne se dissimulait pas que, de ce côté, la situation était légèrement compliquée. Il faudrait, un jour ou l’autre, avouer à Farjolle qu’elle avait deux cent mille francs et que ces deux cent mille francs venaient de Letourneur. Il ne serait pas long à comprendre. Comment prendrait-il ça ? Elle réfléchirait d’ici à ce moment. Au fond, cette préoccupation ne la tourmentait pas trop. Farjolle lui avait pardonné Velard ; il pardonnerait bien Letourneur. « Et puis, c’est fait, tant pis ! » Elle enferma le chèque. « Plus tard, je le montrerai à Farjolle et je ne le toucherai que lorsqu’il l’aura vu. »

Au cours d’une visite à Mazas, Farjolle eut devant elle un petit accès de tristesse.

— Ce sera dur, dit-il, de recommencer les affaires… J’ai tout de même peur que cet accident ne me fasse du tort.

Alors, elle manifesta une confiance absolue :

— Je t’en prie, mon chéri, ne te fais pas de mauvais sang. Je n’ai aucune inquiétude sur l’avenir… Et j’ai un pressentiment que nous serons heureux un jour…

Farjolle fut réconforté. Il montrait un grand courage, une résignation tranquille dans cette aventure, supportant avec une humeur égale la monotonie des heures. Il ne pouvait croire à une issue fâcheuse, maintenant qu’il avait restitué l’argent. D’ailleurs, il remarqua que M. Hardouin lui parlait moins durement depuis cette formalité, lorsqu’il l’appelait, dans son cabinet, pour les besoins de l’instruction.

Toutefois, ainsi que Me Jacques Vernot le prévoyait, M. Hardouin refusa de rendre une ordonnance de non-lieu ; mais il dit à l’avocat des paroles rassurantes.