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chir. Il lui parla de sa femme et de ses malheurs en ménage, lui fit le récit du flagrant délit, ce qui troubla Emma et l’intéressa. Puis il afficha un mépris énorme de toutes les femmes et de tous les hommes qu’elle connaissait : de Moussac, de Verugna, de Joséphine, de Noëlle, de Brasier… Emma en éprouva une joie véritable.

— C’est un vilain monde, dit-elle.

— Un monde stupide pour lequel vous n’êtes pas faite… Moi, j’y vis parce que je suis seul et que je m’y ennuie moins qu’ailleurs…

Vers la fin du repas, une certaine intimité régnait entre eux. Emma, moins énervée, n’apercevait qu’à travers un rêve la scène de tout à l’heure sur le divan. L’étrangeté de la situation diminuait son dégoût. Elle fit part à Letourneur de ses projets de campagne.

— Je n’ai d’autre ambition que de me retirer avec Farjolle, si c’est possible.

— Vous ferez une ménagère exquise, Emma, quant à moi, je penserai longtemps à vous…

Au moment de se séparer, il lui dit :

— Pour cette vilaine question d’argent, ne vous en préoccupez pas, ma chère amie. Je vous enverrai un chèque que vous toucherez quand il vous plaira…

Elle balbutia : « Merci. »

— Quand reviendrez-vous me voir ? demanda-t-il en souriant.

— Vous seriez bien gentil de me laisser un ou deux jours… Je suis souffrante, énervée…

— Vous ferez ce que vous voudrez, Emma…

— Vous recevrez un petit mot de moi, ici… bientôt…