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cette justice que je ne vous ai jamais fait la cour… D’ailleurs, si vous preniez un amant, ce ne serait pas un homme comme moi. Aujourd’hui, vous êtes dans une situation exceptionnelle, vous avez besoin de sauver votre mari et vous-même… Rassurez-vous, je ne vous mets pas le marché en main. Les cinquante mille francs que je vous ai promis, vous allez les avoir dans un quart d’heure, quoi que vous me répondiez. Je vous les donne comme ami…

Elle se contenta de s’incliner sans dire un mot, troublée.

— Il s’agit d’autre chose. Votre mari va rester en prévention à Mazas un mois, un mois au moins. Les juges d’instruction ne se pressent pas dans ces affaires-là ; on nomme des experts : ça n’en finit plus. Quand il sortira, vous n’aurez pas un sou, vous serez bien embarrassée pour vivre. Moi, je distribue chaque année cent cinquante ou deux cent mille francs à des filles de rien du tout qui me plaisent cinq minutes et qui me dégoûtent après… Le voulez-vous cet argent ?

Elle ne sut que répondre, déroutée par ces paroles inattendues. Il continua, à voix basse :

— Il est à vous, je vous le donne, pour ce mois où vous serez sans votre mari, seule. Personne ne le saura jamais. Votre mari sorti de prison, jamais je ne vous en parlerai plus, jamais je ne ferai la moindre allusion… Mais j’ai vraiment une passion pour vous, depuis longtemps… Ce sera le meilleur souvenir de ma vie…

Penché vers elle, il ne la toucha pas, n’essaya pas de saisir sa main, mais sa voix tremblait. Emma avait la tête qui bourdonnait, les tempes qui battaient. Dans son esprit, de confuses idées défilaient, où il se mêlait