cédât jamais à un homme de plus de cinquante ans, ni beau, ni élégant, quelconque. Excessivement riche, voilà tout. En réalité, ce qui l’horripilait surtout chez Letourneur, c’était sa richesse. Que ne peut-on faire quand on a tant d’argent ?
Ce fut la première idée qui lui vint au bruit de l’arrestation de Farjolle : « Pourvu qu’elle ne s’adresse pas à Letourneur. » Parbleu, oui, Letourneur lui donnerait l’argent ; il le sentait, mais à quel prix ! Il se dit : « Je le lui donnerai, moi, je ne veux pas qu’elle ait affaire à celui-là. Il me dégoûte trop. »
À la table du cercle, on jugea de manières très diverses l’événement de la journée. Dartot, le journaliste, entièrement au courant, répandit la nouvelle le premier, à midi. Les convives ordinaires, Brasier, le commandant, Velard et quelques autres s’apprêtaient à déjeuner. À midi précis, Dartot arriva :
— Eh bien ! vous ne savez pas la grande nouvelle ?
— Non, quoi ?
— Vous ne savez rien ?
— On vous dit que non. Dépêchez-vous…
Dartot, fier que personne ne sût un événement avant lui, scanda ces mots :
— Le bon Farjolle a été arrêté ce matin, à huit heures, pour une foule d’escroqueries. C’est un des rédacteurs du journal qui l’a appris à la préfecture. Vous lirez ça ce soir aux Dernières nouvelles.
Brasier et le commandant se regardèrent sans rien répondre. Les autres convives jetèrent des exclamations, et le maître d’hôtel n’hésita pas à s’approcher de la table, saisi d’une grande curiosité.
— Oh ! par exemple, Farjolle arrêté, êtes-vous sûr ?