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chemar la réveilla. La bonne rentra dans la chambre.

— Madame, le juge de paix vient mettre les scellés.

Emma se leva, continuant à ne rien comprendre. Le juge de paix la salua et lui dit :

— Nous allons mettre les scellés, voulez-vous être constituée gardienne ?

Elle répondit : « Je veux bien, » sans savoir. Le magistrat lui expliqua ce que cela voulait dire. Une inquiétude la saisit.

Emma assista à la formalité judiciaire de la pose des scellés et vit que l’on plaçait des bandes de papier au hasard, sur les meubles. Elle demanda au juge de paix pourquoi son mari était en prison. Le magistrat lui répondit qu’il l’ignorait et que ça ne le regardait pas. Elle resta jusqu’à quatre heures de l’après-midi, errant dans l’appartement, attendant, les idées tout à fait brouillées.

Des porteurs de journaux du soir crièrent sous les fenêtres. Elle envoya la bonne chercher un numéro. Aux dernières nouvelles, elle lut :

« Le directeur d’un journal financier, la Bourse indépendante, M. Farjolle, a été arrêté ce matin et écroué au Dépôt. » Rien de plus, une ligne insignifiante pour ce gros événement qui la bouleversait. Alors, elle devina que leur situation était perdue, quoi qu’il arrivât. Elle voulut lire d’autres journaux du soir. Tous annonçaient l’arrestation, dans un coin de leur première page, sèchement. Un seul disait sévèrement : « Un faiseur de dupes, comme il n’y en a que trop sur le pavé de Paris, etc. »

Une plus grande tristesse s’empara d’elle ; elle n’éprouva aucune colère contre Farjolle. Néanmoins,