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son genre, un artiste. Les grands criminels, disait-on, l’intéressaient et il se plaisait à jouer avec eux. Il les souhaitait impassibles, énergiques, entêtés, rudes à vaincre. Au milieu de la lutte, il se surprenait à les aimer ; il les admirait quand ils se défendaient bien, concevait du mépris lorsqu’ils faiblissaient. Dans le fameux procès Vardi, — une femme coupée en morceaux par cet Italien — lui et le coupable avaient fini par s’estimer réciproquement et éprouver secrètement l’un pour l’autre une réelle sympathie. Le jour qu’on décapita Vardi, Hardouin fut même triste. Ces choses excitaient dans le public, un grand enthousiasme.

— Il n’aura pas beaucoup de mal avec moi, pensa Farjolle.

On l’introduisit dans le cabinet du juge d’instruction. Assis à son bureau, M. Hardouin maniait un coupe-papier de la main droite, et de la gauche agitait un trousseau de clef pendu à la serrure d’un tiroir. C’était un homme de cinquante-cinq ans, maigre, rasé, chauve. De gros sourcils noirs cachaient ses yeux. À son côté se tenait le greffier, prêt à écrire,