ou plutôt nous le tolérons quand nous avons affaire à des gens comme il faut.
Farjolle mangea avec appétit, et après déjeuner but lentement son café en fumant un cigare, les jambes croisées, ainsi qu’il faisait chez lui.
Vers trois heures, le surveillant apparut de nouveau, accompagné d’un garde de Paris.
— Monsieur, dit-il, le juge d’instruction vous fait appeler.
— Ah ! tant mieux, s’écria Farjolle.
— Suivez le garde.
— Qui est mon juge d’instruction ?
— M. Hardouin.
Le garde de Paris et Farjolle franchirent la cour de la Sainte-Chapelle et arrivèrent dans le vaste couloir du Palais de Justice où sont situés les cabinets des magistrats instructeurs. Le nom de M. Hardouin était bien connu de Farjolle ; il l’avait lu souvent dans les journaux, à propos de crimes célèbres. Fréquemment, d’ailleurs, les journaux s’occupaient de sa personne ; des chroniqueurs traçaient son portrait et affirmaient « qu’il lisait dans l’âme des coupables ». Parmi les Échos on citait de lui des anecdotes et des mots d’esprit relatifs aux nombreux criminels dont il avait eu à s’occuper au cours de sa carrière. On lui devait la condamnation des trois derniers assassins, parmi lesquels un, entre autres, aurait certainement échappé à un juge d’instruction moins fort ; mais M. Hardouin l’avait fait tomber dans un piège excessivement adroit, et le misérable avait fini par avouer son crime. Le juge était encore sorti grandi de cette affaire.
La légende voulait aussi que M. Hardouin fût, dans