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mis une gaffe, qui la regrette et qui est disposé à en subir les conséquences.

La résolution de tout avouer, de ne pas discuter, de se laisser faire sans résistance, le réconforta. Entre la justice et un simple particulier, la lutte est impossible. On n’a qu’une attitude à prendre : s’incliner.

Il avait connu dans sa vie des situations autrement pénibles. Une fois, il était resté deux jours sans manger et sans se coucher, en plein hiver ; et il se rappela avoir beaucoup souffert de cette dernière privation.

— Tiens ! j’ai assez faim. Quelle heure est-il donc ?

On lui avait saisi sa montre en le fouillant.

« Voilà, pensa-t-il, une manie absurde. Pourquoi me priver de ma montre ? » Midi sonna à une horloge. Au dernier coup, le surveillant lui apporta son déjeuner sur un plateau de zinc. Une serviette recouvrait les plats.

— Je vous ai pris du ragoût de mouton ; il est bon généralement.

Farjolle flaira.

— En effet, il a une excellente odeur.

Outre le ragoût, il y avait du saucisson, des haricots verts et un morceau de fromage de gruyère. Une boîte en fer-blanc renfermait du café chaud, et quelques gouttes de cognac brillaient dans un petit carafon.

— Vous n’avez pas besoin d’autre chose ? demanda le surveillant à qui Farjolle paraissait un homme aimable et généreux.

— Non, merci.

— Je viendrai vous ôter ça tout à l’heure.

— À propos, on m’a enlevé mon porte-cigares…

— Je vais vous le chercher. Il est permis de fumer ;