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— Qu’est-ce qu’il faut, pour commencer le système de d’Alembert, dix mille ? Je vous donnerai ça demain.

— Mais…

— Vingt mille ? Plus. Trente mille ? Je vous les enverrai, le temps de vendre.

Le commandant se recueillit :

— Écoutez, Farjolle. Si je perds mon argent, morceau par morceau, je serai continuellement à vous ennuyer. Et puis, je serai gêné dans le système… Le système exige une forte somme. Je veux mettre tout mon argent dans un tiroir, tout, pour l’avoir sous la main…

— C’est de la démence ! s’écria Farjolle. Enfin, ça vous regarde.

— Pouvez-vous me donner les quatre-vingt mille demain ? Je voudrais commencer demain soir, parce que c’est un vendredi. Je n’ai pas de superstition et je crois que le vendredi porte bonheur, au contraire.

— Il faut vendre les titres…

— Vendez-les à n’importe quel cours. On ne perd jamais grand’chose sur de la rente. Quelques centaines de francs de plus ou de moins, ça m’est bien égal.

Farjolle reprit sa bonhomie habituelle :

— J’ai fait ce que j’ai pu, mon pauvre commandant. Vous aurez votre argent demain… Demain, non ! il faudra deux jours pour négocier.

— Après-demain ?

— Après-demain. Que diable, vous resterez bien encore vingt quatre heures sans essayer le système de d’Alembert ?…

— Je jouerai au bésigue. Je suis content de n’avoir pas touché une carte pendant quelque temps… Ça aura