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et les coups perdants. Eh bien ! savez-vous combien j’aurais gagné depuis quinze jours ?

— Non.

— J’ai fait le calcul, j’aurais gagné trois cent vingt et un louis, avec l’unité d’un louis : plus de six mille francs. Je vous affirme, mon cher Farjolle, que le système de d’Alembert est infaillible, si on le pratique avec une grosse somme d’argent.

Farjolle le prit par le bras :

— Vous n’aurez plus le sou dans six mois, avec votre système.

— Notez bien que je ne joue pas le système de d’Alembert pur ; je me sers d’une modification qu’y a apportée un savant allemand nommé Lelius, et que j’ai beaucoup étudiée. Cette modification bonifie le système d’une façon incroyable.

— Vous serez ruiné dans six mois, répéta Farjolle. Le commandant devint mélancolique.

— Tant pis ! on ne peut pas fuir sa destinée. Quand je n’aurai plus que ma retraite, j’irai vivre en province, dans un trou.

— Consultez Brasier, au moins, avant de faire cette sottise.

— Je l’ai consulté.

— Ah !…

— Brasier m’a parlé comme vous. Je l’ai remercié comme je vous remercie ; mais je suis décidé. Je ne peux plus me passer de jouer…

Très maître de lui, et d’un air de pitié :

— Alors, vous voulez réaliser, mon pauvre commandant ? fit Farjolle.

— Oui.