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Farjolle constata que les dépenses de fin d’année réglées, l’argent de son terme mis de côté, il avait six mille francs de disponibles.

« Je vais risquer ces six mille francs. Ce sera ma dernière tentative. »

Il consulta Verugna et acheta fin courant des actions de la Banque Marocaine. Depuis un an, ces valeurs étaient en vue sur le marché ; elles ne faisaient que monter et baisser alternativement, et donnaient lieu à de grands mouvements de spéculation. Les gens bien informés comptaient qu’elles hausseraient beaucoup pendant le mois de janvier.

Malgré cette opinion, le contraire se produisit. Quelques jours avant la fin du mois, une baisse assez forte se dessina.

Farjolle eut des appréhensions et en fit part à Verugna qui lui affirma que les actions de la Banque Marocaine monteraient infailliblement d’ici à la liquidation. Même il voyait dans cette baisse momentanée un symptôme excellent.

La baisse augmenta dans des proportions considérables. Farjolle songea :

— Si ça continue, j’aurai une différence de plus de six mille francs à payer.

Ça continua. Entraîné par la confiance de Verugna, Farjolle ne vendit pas et, comme on dit en termes de Bourse, « conserva sa position ».

Verugna ne perdit sa confiance que la veille de la fin du mois. Il dit à Farjolle :

— Je me suis trompé sur cette satanée Banque Marocaine. J’y suis de deux cent mille francs. Et toi, ça te coûte-t-il cher ?