— Toujours. Ce mois-ci j’ai essayé un système nouveau… qui est excellent.
— Vous avez gagné ?
— J’ai perdu, mais moins qu’avec les autres. Vous me croirez si vous voulez, mon cher, je ne peux pas gagner au jeu ; j’ai une guigne effroyable.
— Vous finirez par vous ruiner, commandant.
Le commandant Baret déclara piteusement :
— C’est aux trois quarts fait, mon ami. Vous me voyez jouer un jeu ridicule, des louis, des pièces de cent sous…
— Vous jouez continuellement…
— Continuellement, mais peu à la fois. Eh bien ! savez-vous ce que je perds depuis cinq ans ? Je perds plus de cent mille francs…
— Allons donc !
— Plus de cent mille francs, mon cher ! cent vingt mille à peu près. Aussi j’ai pris une résolution.
— De ne plus jouer ?
Le commandant entraîna Brasier dans un coin :
— Vous êtes mon ami, n’est-ce pas, Brasier. Je vais vous confier quelque chose. Connaissez-vous au baccarat le système de d’Alembert ?
— Il est excellent, mais il exige beaucoup d’argent.
Le commandant passa la main sur sa barbiche :
— Je possède encore quatre-vingt mille francs, ni plus ni moins. J’ai réalisé ces quatre-vingt mille francs : je les ai chez moi en or et en billets, et la résolution que j’ai prise, entendez-vous, Brasier, c’est de ne plus jouer dorénavant que le système de d’Alembert.
Brasier eut un regard de pitié ironique. Le commandant continua :