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que celui d’intermédiaire entre le capitaliste et la spéculation, — plus il doit être pratiqué honnêtement. J’ai fondé un journal honnête et indépendant, et rien ne me fera dévier de ma route.

Il ajouta :

— Dans ce genre d’affaires, l’honnêteté est une chose pratique, et l’on ne serait pas honnête naturellement qu’on aurait avantage à le devenir. Les capitalistes sont las d’être la proie des flibustiers comme ce Selim.

Une grande sincérité éclatait dans ces paroles.

Il était impossible de se méfier de Farjolle. On ne pouvait pas dire : « Il a l’air intelligent, » ou : « Il a l’air spirituel, » ou « Il a l’air canaille. » Il n’avait spécialement aucun air déterminé ; mais dès qu’on causait cinq minutes avec lui, une réflexion vous venait : « Voilà un homme en qui j’aurais confiance. » Les gens les plus circonspects, les plus froids, subissaient cette impression. Brasier déclara que de tous les hommes d’affaires qu’il fréquentait, Farjolle lui semblait le seul peut-être incapable de faire un pouf.

— Je ne crois pas qu’il réalise jamais une fortune énorme, mais je lui confierais ma montre. C’est un garçon qui ne s’aventurera pas dans des spéculations grandioses, mais qui ne risquera jamais la correctionnelle. Tenez, Moussac. Eh bien ! Moussac aura probablement un jour un palais et dix millions de fortune ; seulement personne ne serait surpris de le rencontrer tôt ou tard entre deux gendarmes.

Farjolle et Velard, à cause de leurs relations communes se trouvaient souvent en présence. Ils se tendaient la main par un accord tacite et se parlaient même si le hasard de la conversation l’exigeait, afin de