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qu’il connaissait et qui levèrent leur chapeau d’un air de considération. Il était heureux et sans inquiétudes. Place Clichy, il acheta une tarte chez un pâtissier.

— Ma parole, il y a des moments où tout réussit, dit-il à Emma. J’ai gagné deux mille francs au cercle.

— Tu ne vas pas les reperdre, j’espère, mon chéri ? Je croyais que tu ne jouais plus.

— Je ne joue plus, en effet, et je n’ai pas l’intention de rejouer. Sois tranquille. C’est le hasard qui m’a fait prendre une banque, j’ai voulu voir si j’étais en veine.

Emma l’embrassa :

— Va, je sais que tu es raisonnable, et j’ai confiance en toi. Deux mille francs ! c’est notre maison de cet été. Quand allons-nous faire une tournée aux environs de Paris et chercher quelque chose ?

— Un de ces jours, la semaine prochaine… Il me reste deux ou trois affaires à régler.

— Nous irons du côté de Mantes… je connais des endroits… je me suis baignée dans la Seine par là. Il y a longtemps, mon chéri… Si on m’avait dit alors que je t’épouserais ?

Avec qui s’était-elle baignée par là, autrefois ? Ah ! oui, c’était avec l’employé du ministère qui avait la manie des bains froids. Une seconde, elle chercha son prénom, qu’elle ne se rappela pas. Jules, peut-être.

— Je nage un peu, tu verras.

Farjolle ouvrit la boîte de cigares, en alluma un, l’aspira en connaisseur, déclara qu’il était bon.

Il versa dans son café quelques gouttes d’une vieille eau-de-vie de cidre dont il avait acquis un petit fût, et but lentement.