Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Un grouillement se fit parmi les pontes. Plusieurs accoururent des salles voisines. Farjolle prit les paquets de cartes, les battit, en distribua à droite et à gauche, abattit neuf. Il n’avait pas d’émotion. Il aurait perdu ses dix louis qu’il serait parti tranquillement. Comme disait le croupier, dix louis de plus ou de moins ! Il gagna cinq ou six coups de suite.

— Combien ai-je en banque, Jean ?

— Dix-huit cents francs, à peu près.

Farjolle regarda de rechef sa montre et dit :

— La banque est levée.

Il changea les jetons du cercle contre de l’argent à la caisse, et donna un louis au croupier.

— Vous voyez, monsieur Farjolle, que vous étiez en veine. Y aurait-il moyen d’avoir deux entrées pour le Cirque anglo-français ? Je sors ma bonne amie, ce soir.

Il tira son portefeuille.

— Voici les deux entrées, Jean.

— Merci, Monsieur.

Farjolle quitta la salle de jeu, en même temps qu’un ponte décavé, qui s’écriait :

— Je ne ficherai plus les pieds dans ce tripot !

Il prit une voiture du cercle, passa à l’Informé, au bureau de Moussac, puis à un dépôt de tabacs de la Havane où il se paya une boîte de cent cigares. Alors, il rentra chez lui dîner.

Étendu sur les coussins de la voiture découverte, les jambes croisées, il regardait avec complaisance ses bottines vernies et son pantalon gris clair qui lui allait bien. Il tenait des gants froissés dans la main droite ; en traversant le boulevard il salua deux messieurs