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— Je vous ai défendu de me tutoyer, c’est bien sérieux, entendez-vous, beaucoup plus sérieux que vous ne croyez… Vous garderez ces manières-là pour Jeanne d’Estrelle et pour toutes les grues que vous connaissez…

— Ne vous fâchez pas, Emma, je ne le ferai plus.

— Je ne me fâche pas… C’est bien assez que je sois votre maîtresse, chez vous, dans votre appartement. Tâchez de l’oublier quand nous ne sommes plus seuls… Je vous assure que ça ne pourrait pas continuer…

Ils marchèrent ensemble, dans la foule, et elle lui parlait d’une voix brève, par morceaux de phrases :

— Que vouliez-vous me dire tout à l’heure ?

Il hésita.

— Rien de bien important… Ce Letourneur m’horripile…

— Encore ! dit Emma… Vous êtes jaloux de Letourneur, maintenant ! Ah çà ! pour qui me prenez-vous ?

Velard balbutia :

— Non, je ne suis pas jaloux de Letourneur… Seulement… je trouve que Farjolle a tort de vous mener dans ce monde-là…

Elle quitta son bras brusquement :

— Vous m’ennuyez, à la fin, vous savez ! Farjolle me mène où il lui plaît, ça ne vous regarde pas. De quoi vous mêlez-vous ?

— Reprenez donc mon bras, on nous remarquerait, fit Velard.

— Je ne veux pas… Allons retrouver mon mari et que ce soit fini, n’est-ce pas ?

— Je suis jaloux parce que je vous aime trop… J’ai tort, voilà tout, murmura Velard, Alors, vous ne viendrez pas chez moi, demain ?