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fith, se voyaient fréquemment et étaient devenus intimes. Velard laissait au mari d’Emma la direction presque exclusive de l’affaire, que celui-ci menait de main de maître, sans chercher à tromper son client, à le « chambrer ». D’ailleurs, « mettre dedans » un monsieur comme Griffith constituait une opération extrêmement dangereuse.

— Cet homme, avait deviné Farjolle, est trop malin pour qu’on puisse le rouler. Ce qu’il y a de plus pratique avec lui, c’est la loyauté.

Les bénéfices étaient suffisamment jolis, même gagnés loyalement. Griffith, en affiches publicité, réclame, puffisme de tout genre, avait déjà dépensé une centaine de mille francs, dont Velard et Farjolle touchèrent le cinquième environ. Le barnum déclara qu’il dépenserait encore autant, dès que les constructions du Cirque anglo-français seraient à peu près terminées, pour chauffer l’inauguration. En somme, l’affaire donnerait à chacun des deux courtiers une quinzaine de mille francs, malgré les faux frais et l’imprévu.

Pour frapper un grand coup, quelques jours avant l’ouverture, Griffith résolut d’offrir un banquet de trois cents couverts « aux amis du Cirque anglo-français ».

— Il y a, disait-il, trois sortes de réclames : la réclame parlée, la réclame écrite et la réclame mangée.

Les journaux annoncèrent qu’au dessert les deux célèbres frères Drury, les clowns incomparables, exécuteraient leurs plus fameux exercices. Les demandes d’invitation affluèrent.

Trois longues tables parallèles furent dressées dans la salle du banquet : la table d’honneur réservée au