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moindre soupçon, elle eût préféré renoncer complètement aux distractions de l’adultère. Elle le trompait avec des délicatesses infinies, avec la même attention qu’elle mettait le matin à marcher dans la chambre sur la pointe des pieds, afin de ne pas troubler son sommeil.

Lorsque Farjolle semblait content, qu’il recevait quelque bonne nouvelle, Velard lui plaisait davantage. Elle se donnait mieux, avec plus d’entrain et d’abandon.

Un jour, au contraire, Farjolle paraissait préoccupé.

— Qu’as-tu, mon chéri ? lui demanda-t-elle. Il t’arrive un ennui ?

— Griffith était d’une humeur massacrante hier soir, Il a été injurié par un journal financier, un canard de rien du tout, un journal de chantage, qui veut de l’argent, parbleu ! J’ai eu beau lui dire que ça n’avait pas d’importance, il voulait tout casser…

— Pourras-tu arranger ça ?

— Je l’espère. Je vais tâcher de trouver une combinaison.

— Tu me la raconteras ce soir, n’est-ce pas, mon chéri ?

Et, ce jour-là, elle manqua le rendez-vous de Velard. Le soir, Farjolle avait traité avec le journal financier pour des excuses publiques et, le lendemain, Velard profitait de cet heureux dénouement.

Emma tenait à ce que rien ne lui gâtât son plaisir ; car elle était sensuelle comme elle avait un bon appétit, pas plus gourmande que vicieuse. Ses sens, comme son estomac, fonctionnaient bien, et elle aimait ses aises à table.

Velard et Farjolle, associés pour la publicité de Grif-