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était décidée ; elle s’abandonnerait tout à l’heure, dans vingt minutes.

Sûrement, il ne s’attendait pas à cette surprise, lui. Il comptait peut-être bien la posséder un jour, mais pas cette fois-ci.

— Oui, il sera bien drôle, après. Bon, deux heures et demie ! Je n’arriverai jamais à pied, c’est trop loin.

Elle héla un fiacre et baissa les vitres afin de sentir l’air sur son visage échauffé par la marche.

La porte de l’appartement de Velard était entr’ouverte : il la guettait. En entendant une voiture s’arrêter devant la maison, il descendit deux marches de l’escalier et se pencha. C’était elle. Il la prit par la main et l’entraina sans rien lui dire.

Il la conduisit dans son fumoir, la fit asseoir sur un fauteuil bas et apporta une petite table sur laquelle il y avait des liqueurs et des gâteaux. Puis il se mit à ses genoux, embrassa sa robe et la remercia d’être venue, avec de grandes paroles d’amour. Elle ôta son chapeau et il lui baisa les cheveux, gardant une mèche entre ses lèvres.

— Ne faites pas l’enfant, dit-elle.

Alors, il redevint tendre et timide, comme là-bas, au petit café de la place Blanche. Il lui offrit des gâteaux, la força de boire un verre de liqueur et recommença de lui parler d’amour, en tenant ses mains.

Des phrases sentimentales lui venaient, d’une forme banale et maladroite, car il ignorait l’art de la passion parlée, n’en ayant jamais eu besoin jusqu’à présent dans ses luttes contre les femmes.

Emma, heureusement, ne possédait pas un esprit plus