tés du quartier. Elle examinait, marchandait, maniait des étoffes. Aujourd’hui avec la même tranquillité et à la même heure, elle retrouvait Velard. Ces rendez-vous ne lui apparaissaient pas comme une démarche d’une autre espèce. Elle causait, riait, s’amusait, enfin. Elle était si peu coupable que si elle avait dit à son mari :
— Mon chéri, j’aime autant t’avouer tout. Ce petit nigaud de Velard est amoureux fou de moi : nous nous voyons presque tous les jours au café, il m’offre des consommations, il roule des yeux tendres en me regardant et il n’a obtenu de moi que des poignées de main.
Eh bien ! si elle avait dit cela à son mari, Farjolle lui aurait certainement répondu :
— Est-il bête, ce Velard !… Tu as eu raison de faire ça si ça t’amusait ; mais ne va pas trop loin ; il vaudrait peut-être mieux t’arrêter là, car il finira par t’embêter.
Oui, en se figurant cette scène, elle entendait la voix indulgente et raisonnable de Farjolle : « J’ai confiance en toi, va, ma chère Emma. Je sais bien que tu ne seras pas assez maladroite pour me distraire de mes affaires, quand nous avons tant besoin de nous débrouiller tous les deux. C’est un peu inconséquent d’avoir accepté des rendez-vous dans un café ; mais enfin, il n’y a pas grand mal. Arrête-toi et n’en parlons plus. »
Quant à l’idée qu’elle pourrait succomber un jour, par entraînement ou inadvertance, entre les bras de Velard, elle ne s’en inquiétait guère ; elle était sûre de son sang-froid : elle ne s’abandonnerait que si elle le voulait bien, si cela venait à lui plaire beaucoup.
Pour le moment, il n’y avait aucun danger. Le petit