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petite maison avec un jardin. J’aime mieux ça que les premières représentations, je t’assure.

— Et moi donc, crois-tu que j’ai une autre ambition que de me retirer avec toi à la campagne et de lâcher Paris ?

Il se promena de long en large dans la chambre.

— Si j’avais seulement la dixième partie de l’argent de Moussac, c’est moi qui ne mènerais pas une existence aussi bête… Je me demande quelquefois ce qu’ils veulent, ces gens-là… Il y en a qui se ruinent en chemin et recommencent à s’éreinter à cinquante ans, à soixante ans… Ah ! si j’avais deux cent mille francs… Ce que je te lâcherai Paris, les premières représentations, les soirées de chez Moussac, les cercles, le boulevard et la publicité, oh ! là là !

— Ah ! oui, par exemple, dit Emma ! Quel rêve ! Mais deux cent mille francs, mon chéri, deux cent mille francs…

— Dans le métier, c’est une affaire de hasard, de veine. Il ne s’agit que d’être là au bon moment, de trouver un coup. À la Bourse, en une heure, on gagne deux cent mille francs. Verugna les a gagnés à la liquidation du mois dernier.

Emma était émue de ces paroles. Farjolle s’assit : elle se mit sur ses genoux, et, lui passant le bras autour du cou, l’embrassa tendrement.

— Va, mon chéri, ne te décourage pas, je t’aime bien. Pourquoi ne les gagnerais-tu pas, les deux cent mille francs, un jour ? Nous serions heureux à la campagne ; tu sais, nous deux, très heureux.

Lorsque Emma et son mari parlaient affaires, invariablement des mots de tendresse finissaient par leur