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— Ce compte rendu, dit Farjolle, sera reproduit demain dans tous les journaux. C’est excellent pour moi. Cela fait de la réclame et montre qu’on n’est pas le premier venu. Il y a beaucoup de gens à Paris qui sont arrivés ainsi à des situations extraordinaires.

— Je le crois, mon chéri.

— Il faut savoir se remuer, aller un peu partout, assister à des enterrements de personnes connues. Je vais me mettre à fréquenter de temps en temps les premières représentations. Tu viendras avec moi. Verugna a une loge qui est à notre disposition.

— Oh ! je ne demande pas mieux, quoique le théâtre ne m’amuse pas.

— Nous ferons encore quelques sacrifices pour tes toilettes.

Emma hésita une seconde :

— Oui, il n’y a pas moyen d’agir autrement… Mais je n’ai pas besoin de toilettes dans le genre de toutes ces femmes d’hier soir. Je m’arrangerai, tu verras… Je serai très convenablement habillée. Je ne les envie pas, ces femmes-là !

— Il y en a beaucoup, dit Farjolle, qui doivent des sommes énormes à leurs couturières.

— Oh ! les dettes, mon chéri. Surtout, ne faisons jamais de dettes… Nous serions perdus. Je ne pourrais pas supporter de devoir un sou… Pour le moment, je n’ai qu’une ambition, c’est de rester deux mois, cet été, à la campagne.

— Si ça continue, nous y arriverons.

— Écoute : j’ai encore un millier de francs. Il ne faut pas y toucher ; nous les consacrerons à louer une