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les chers souvenirs épars de ma pauvre cellule. Ma gerbée faite, et mon trésor au complet, j’ai attaché un nom sur chacun des objets familiers qui paraient mes petites étagères de bois blanc, et je les ai légués aux fidèles serviteurs qui, chaque jour, venaient m’aider à soulever le poids des heures captives.

Vous n’avez pas été oubliée, bonne miss Schmidt, fille et sœur de braves, qui portiez si fièrement sur la terre d’exil votre doux titre d’enfant d’Érin. Lorsque lord Fitz Gerald, errant, proscrit, manquait d’un toit ami pour abriter sa tête, votre mère lui offrit le sien, et, proscrite à son tour, elle sut souffrir sans faiblesse et se sacrifier sans murmure. Son courage fut héroïque, son dévouement sublime, et si l’étranger moissonne sur les champs où moissonnaient vos pères, les vertus maternelles seront votre héritage ; vous resterez aimée, là où elles restent bénies.

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J’ai longtemps hésité sur le choix d’un souvenir à laisser au brave et loyal commandant C… Je voulais qu’une âme palpitât sous la lettre morte de mon adieu. J’ai coupé, pour la lui envoyer, une boucle de mes cheveux, blanchis en une heure le jour du rapport de M. Orfila. Il sait que le remords ne les a pas déteints ; il les gardera pieusement comme une chère relique de deuil et de regret, d’orage et de néant.

Le commandant est un de ces hommes qui ne comprennent pas même l’idiome de la calomnie, tant leur noble nature a le sentiment du juste et la conscience du vrai. Rudes en apparence, inhabiles aux fausses délicatesses du sentiment rêvé ou parlé, ils sont sublimes de bonté pour le malheur ; s’ils ne pleurent p& avec l’opprimé, ils le consolent par leur estime, et ils le vengent en l’aimant.