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le concours charitable de l’aumônier et de la sœur hospitalière, la salubrité du climat, la beauté du lieu, tout fut impuissant : la maladie s’aggravait toujours.

Averti de l’imminence du danger, je me rendis en toute hâte à Paris. J’étais porteur d’une supplique de ma nièce pour le Prince-Président. J’en fis une autre, que je signai. Je me plaçai sous le patronage d un homme éminent, dont je souffre de taire le nom, et, trois jours après, une lettre m’apprit que ma nièce allait être libre…

Ma joie devait être plus courte que ma reconnaissance. Arrivé en trente-six heures à Saint-Rémy, je pressai dans mes bras, non plus une femme, mais un squelette vivant que la mort venait disputer à la liberté. Le 1er juin 1852, l’infortunée posait son pied libre dans ma demeure… J’avais mes deux filles avec moi !… Le 7 septembre, l’une mourait aux eaux d’Ussat, et l’autre lui fermait les yeux !

L’humble cimetière d’Ornolac a reçu les restes de la morte… une croix renversée couvrira sa tombe !… Qu’on ne me demande plus rien.

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

Veut-on savoir, cependant, si j’ai cru cette femme coupable ?

Je réponds :

Retenue prisonnière, je lui avais donné pour compagne ma fille. Devenue libre, je lui aurais donné pour mari mon fils.

Ma conviction est là.

COLLARD.
Montpellier, 17 juin 1853.