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deuil était venu la frapper dans ses plus chères affections.

Son mari, homme probe, intelligent et laborieux, avait réalisé, dans le commerce de grains, une fortune de trente mille dollars, qu’il avait léguée à sa femme.

La veuve reçut Victor le cœur et les bras ouverts.

Elle s’informa de son père, de sa mère, de ses sœurs et en particulier de son frère, dont elle avait souvent entendu parler.

— Vous devez être fier de lui, n’est-ce pas ? demanda-t-elle à Victor.

— Oh oui ! répondit laconiquement celui-ci.

— Certes, vous avez bien raison, car il fait non seulement honneur à notre famille, mais à tous les Canadiens-français. J’ai bien hâte de faire la connaissance de ce jeune héros. J’espère que vous me ferez le plaisir de me l’amener bientôt ?

— Oh oui !

— On le dit bon, généreux et fort comme six hommes ?

— Oh oui !

Victor, évidemment, ne partageait pas à l’égard de son frère l’enthousiasme de la cousine Françoise ; mais celle-ci ne parut pas s’en apercevoir, tant elle était heureuse de donner l’hospitalité à un membre de la famille Lormier, qu’elle affectionnait vivement.