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il sentait que ses forces lui revenaient de jour en jour.

Cependant, au bout d’un mois, il était encore condamné au repos, et c’est le repos qui le faisait souffrir le plus.

Quand il voyait son vieux père travailler seul comme un mercenaire pour gagner le pain de toute la famille, tandis que lui était confiné dans sa chambre, il en ressentait un chagrin insupportable.

Un matin, il dit au médecin : « Est-ce que j’en ai pour longtemps à rester ainsi les bras croisés ? Ne puis-je pas travailler une couple d’heures par jour aux travaux de la ferme ? Il me semble qu’un peu d’exercice me ferait du bien ? »

— Non, mon ami, répondit le médecin ; ce n’est pas avant deux semaines que tu pourras reprendre les travaux manuels. Tout ce que je puis te permettre, pour le moment, c’est une petite promenade au grand air, par une journée ensoleillée.

— Quoi ! je dois mener cette vie de fainéant durant deux semaines encore ! mais vous n’êtes pas sérieux, sûrement ! J’aimerais cent fois mieux être exposé aux balles des Américains que de rester, ici, inactif ; l’inactivité me tue !

— Que veux-tu, mon cher ? Il faut laisser à