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quelque peu intimidé ; mais comme il est très intelligent et qu’il a une excellente mémoire, il raconte avec simplicité les différentes escarmouches que la milice canadienne a eu à soutenir avant la bataille de Châteauguay. Il parle, avec la plus grande admiration, de la science, de l’habileté et de la bravoure du lieutenant-colonel de Salaberry, et il rend justice à tous les officiers, anglais ou canadiens-français, qui ont partagé, avec l’intrépide de Salaberry, les dangers et la gloire des combats. Mais de lui-même, pas un mot. Il ne fait seulement pas allusion à ses blessures.

L’imbécile ! se dit Victor : il ne parle pas de lui ! Moi, si j’étais à sa place, je ferais sonner haut mes exploits, et j’en inventerais pour épater les badauds…

Mais les autres auditeurs ne pensent pas comme Victor. Ils connaissent, par des courriers, la part glorieuse que Jean-Charles a prise dans tous les engagements, et ils admirent la grande modestie du jeune héros.

Enfin, l’heure de la séparation sonne.

M. Robidoux, maire de Sainte-R…, se fait l’interprète des invités en remerciant le curé de sa charmante hospitalité.

Je veux, à mon tour, dimanche prochain, fêter notre ami Jean-Charles, et je vous invite tous ensemble pour le souper et la soirée.