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ante. Il fut obligé de s’asseoir dans le banc pour ne pas s’affaisser, et resta longtemps immobile comme une statue.

Enfin, le malheureux sortit de l’église sans même songer à prendre de l’eau bénite, traversa un groupe de ses connaissances sans saluer, et reprit, la tête basse, le chemin de sa cabane.

Le solitaire avait l’habitude, après la messe, de préparer son déjeuner, mais, ce matin-là, il oublia de manger. En arrivant à la cabane, il se laissa choir sur une chaise et y resta environ trois heures comme immobilisé ! Que se passait-il en lui ? Il ne pouvait s’en rendre compte, car il éprouvait une pesanteur qui le rendait incapable de penser et de se mouvoir. Cependant, le chien, que la faim aiguillonnait, vint lécher les mains de son maître en faisant entendre quelques plaintes. Ces plaintes tirèrent Jean-Charles de sa torpeur. Il se leva en disant : « Quoi ! il est déjà neuf heures, et je n’ai encore rien donné à manger à ce pauvre animal ! »

Il s’empressa de rassasier le molosse, mais se contenta, lui, d’un bol de lait et d’une croûte de pain. Puis il sortit et se mit à arpenter la grève.

Cette promenade au grand air lui fit un bien considérable. Au bout d’une heure, il put,