Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/369

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 362 —

Il avait besoin de repos.

Le lendemain matin, vers quatre heures, il fut éveillé par les grognements de son chien, et aussitôt il entendit la détonation d’un fusil.

Il regarda par le carreau et vit un homme, grand et sec, qui venait d’abattre un canard.

Il s’habilla à la hâte et alla rejoindre le chasseur, qui n’était autre que feu Pierre Portugais, de joyeuse mémoire, dont les exploits de chasse ont si longtemps amusé les lecteurs des différents journaux de Québec.

Chaque printemps, on s’en souvient, un journal annonçait que Portugais avait tué la première bécassine. Le lendemain, un autre chasseur de l’Île d’Orléans — un sorcier, sans doute — réclamait cet honneur !

Portugais se fâchait et affirmait que c’était lui ; même il offrait d’exhiber l’innocente victime de son coup de fusil, et défiait son antagoniste d’en faire autant !

Celui-ci se contentait de répliquer que c’était la même bécassine que Portugais conservait dans l’alcool depuis vingt ans…

Mais Portugais avait toujours le dernier mot ; et, du reste, il était d’une telle habileté à la chasse, que tout le monde disait avec conviction : « C’est bien lui qui a tué la première bécassine ! »

Jean-Charles s’approcha du chasseur, et, ayant