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Il planta sa bêche dans la terre et se rendit à la maison pour y faire ses préparatifs de départ.

Le soir, au souper, le père Kelly ayant remarqué que Jean-Charles paraissait plus triste que d’habitude, lui demanda s’il était malade.

— Non, mon bon ami, répondit Jean-Charles, d’une voix émue, mais je dois vous quitter ce soir, et j’en suis grandement peiné…

La foudre tombant sur la maison n’aurait pas causé plus de surprise et d’émoi que ces premières paroles sorties des lèvres de Jean-Charles.

— Comment ! vous parlez ! Quoi ! vous nous quittez ! s’écrièrent à la fois tous les membres de cette brave famille…

— Oui, je parle, mes bons amis ! je parle ! car il m’est impossible de vous exprimer par des gestes tout le chagrin que me cause cette séparation, et toute la gratitude que je vous dois ! Sans savoir si je n’étais pas un malfaiteur, un criminel, vous avez eu la charité de m’accueillir sous votre toit si hospitalier, et vous m’avez témoigné sans cesse des égards et une tendresse qui m’ont fait oublier parfois les malheurs de mon existence… J’avais retrouvé ici les douceurs et les joies familiales, et j’espérais pouvoir finir mes jours au milieu de vous ; mais, hélas ! le mal du pays s’est emparé de moi depuis quelque temps et ne me laisse pas