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Le jour, elle se mêlait à tous ses travaux et à toutes ses pensées ; la nuit, elle lui souriait en des rêves gracieux, ou l’épouvantait en d’affreux cauchemars…

Plus de repos pour le pauvre exilé !

Peu à peu, l’appétit et le sommeil l’abandonnèrent ; il éprouva du dégoût pour le travail et l’étude, les deux choses qu’il aimait le plus au monde ; son énergie de fer s’éteignit et un dépérissement lent, mais visible de sa santé lui fit comprendre que la mort serait le résultat inévitable du mal qui le minait.

Il se résolut à mourir… Mais au-dessus, bien au-dessus de cette résolution flottait toujours cette pensée : revoir la patrie !


« Que de fois appuyé sur sa bêche immobile,
Fixant sur l’horizon son œil doux et tranquille,
Il semblait contempler tout un monde idéal.
Oh ! sa jeunesse alors, avec sa sève ardente,
Déroulant les anneaux de cette vie errante,
Lui montrait le pays natal ! »


Mon Dieu ! qu’il souffrait le pauvre exilé !

Il faut que je parte ! se dit-il ; car je sens que je mourrai bientôt si je reste sur cette terre d’exil, et je n’ai pas le droit d’abréger ainsi mes jours.

J’irai me livrer à la justice de mon pays, laissant à mes amis le soin de faire reconnaître mon innocence… et, avant de partir, j’écrirai