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Le professeur improvisé n’avait pas prévu tous ces obstacles. Mais avec son énergie et sa patience habituelles, il se mit sérieusement à l’œuvre pour les surmonter.

Tous les soirs, on pouvait le voir, pendant deux ou trois heures, penché sur ses livres, apprenant tous les signes de l’alphabet, s’exerçant à les bien reproduire, et cherchant les moyens de les rendre intelligibles à son élève. Une pensée le soutenait dans ce travail ingrat et fatigant : sauver le corps et l’âme du cher orphelin !

Il y avait deux semaines que l’enfant vivait sous le toit de la famille Kelly, et son père ne semblait pas s’en occuper.

Un jour, Jean-Charles travaillait dans la grange, pendant que son protégé s’amusait au bord du chemin. Soudain des cris déchirants retentirent.

Prompt comme l’éclair, notre héros s’élance dehors et aperçoit un homme, ou plutôt une brute, qui tient le petit muet par les cheveux et le frappe à coup de pied dans le ventre !

Il bondit sur l’inconnu, le saisit par les flancs et le serre avec tant de force, que le misérable lâche prise et se met à crier à son tour comme un possédé !

Jean-Charles desserre ses tenailles, puis mettant son terrible poing sous le nez du père