Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/353

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 346 —

tient de savoir si l’enfant avait fait sa première communion, se rendit au presbytère de Berlin.

Le curé lui apprit que le petit muet ne fréquentait aucune école depuis trois ans, c’est-à-dire depuis la mort de sa mère, et qu’il ignorait les vérités les plus élémentaires de la religion.

Alors notre héros résolut d’instruire l’orphelin et de le préparer du mieux qu’il le pourrait au sacrement de l’eucharistie.

Il se procura quelques livres pédagogiques à l’usage des muets.

Jean-Charles comptait un peu sur sa longue pratique du mutisme, pour se débrouiller dans les méthodes assez compliquées qu’il allait être obligé d’enseigner. Son illusion fut de courte durée. Des difficultés presque insurmontables se dressèrent devant lui dès les premiers pas.

L’intelligence de l’élève restait fermée, malgré les efforts du maître pour y introduire un peu de lumière.

Évidemment le maître s’y prenait mal ; car l’élève paraissait apporter toute la bonne volonté désirable.

Il fallait donc étudier la méthode, en approfondir tous les secrets ; il fallait aussi se bien mettre au niveau du pauvre enfant, savoir par quelles lentes et pénibles opérations il était possible d’éclairer cette raison, qui ne s’ouvrait sur le monde extérieur que par le sens de la vue !