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pommes de terre, du pain de ménage très bien cuit, des crêpes, du lait et des brioches.

Le muet fit un excellent repas.

C’était le temps de la fenaison, et le vieux fermier avait une abondante récolte à faire.

Le matin même de ce jour, on avait commencé à faucher dans un vaste champ qui se trouvait à deux arpents de la maison.

Les faucheurs y avaient laissé les instruments de travail.

Jean-Charles se leva, se rendit au champ, prit une des faulx et se mit à abattre le foin.

La faulx, dans ses mains habiles, allait de droite à gauche avec un bruit clair et cadencé, et le foin tombait aussi dru que s’il eût été rasé par une faucheuse !

Le père Kelly, sa femme et les deux garçons s’étaient avancés sur le seuil de la porte et regardaient le faucheur avec une sincère admiration.

— Je n’ai jamais vu, dit le vieillard, un homme manier la faulx avec autant d’adresse et d’aisance ; malgré la chaleur, il ne paraît pas sentir la fatigue ! Voyez donc, ajouta-t-il, en s’adressant à ses garçons, la large trouée qu’il a déjà faite dans le champ… de ce train-là, il ne mettrait pas de temps à faire nos foins !

— Vous avez raison, père, répondit l’aîné des garçons, cet homme est aussi adroit que fort,