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L’EXIL

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« Que de fois appuyé sur sa bêche immobile,
« Fixant sur l’horison son œil doux et tranquille,
« Il semblait contempler tout un monde idéal.
« Oh ! sa jeunesse alors, avec sa sève ardente,
« Déroulant les anneaux de cette vie errante,
         Lui montrait le pays natal. »

Octave Crémazie.


On dirait que le barde canadien pensait à Jean-Charles Lormier — qu’il connaissait, sans doute — quand il a écrit ces beaux vers ; car il est difficile de mieux peindre l’attitude que prenait parfois notre héros, quand, appuyé sur sa bêche, il revoyait, comme dans un rêve : sa paroisse natale où il comptait tant d’amis sincères, le Saint-Laurent dont il avait si souvent admiré le majestueux cours, son père, sa mère, ses sœurs, son curé si bon et si dévoué, l’angélique figure de Corinne, le vieux François, les heures consacrées à l’étude et au service des pauvres, les félicités et les consolations que lui laissaient entrevoir les fonctions sacerdotales…

Puis la scène changeait.

Il se voyait emprisonné dans sa maison que le feu dévorait, et, par la fenêtre, à travers la