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qu’on nomme aujourd’hui Limoilou, une vieille femme qui pratiquait l’art de la cartomancie. On l’appelait familièrement la « Châtigny ».

Sa clientèle se composait principalement de jeunes filles et de jeunes gens, dont elle savait exploiter la naïveté, car c’était une madrée commère que la « Châtigny ! » Mais les revenus de cet art ne suffisant pas à sa subsistance, la cartomancienne blanchissait le linge, tricotait des bas, des mitaines, des cache-nez, etc., et avec ces divers métiers, elle trouvait le moyen de vivre assez bien.

Un soir de juillet, elle tricotait, en attendant la clientèle, quand elle entendit gratter à la porte. Croyant que c’était son chat, elle cria, sans se déranger : « Va te coucher, animal ! » Au bout de quelques secondes, le même bruit ayant recommencé, la « Châtigny, » impatientée, s’arme d’un torchon avec lequel elle veut corriger son chat importun. Elle entre-baille la porte et donne un grand coup de torchon, sur la tête de… d’un vieillard, qui recule, épouvanté !

— Oh pardon ! mille excuses ! monsieur, s’écrie-t-elle ; je croyais que c’était mon chat qui grattait à la porte !

— Moi, dit le père Latourelle — car c’était bien lui — je cherchais la sonnette !

— Vous l’auriez, cherchée longtemps, car il