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Et il se mit à l’œuvre avec une ardeur digne d’une meilleure cause.

Ce cabaleur sans vergogne inonda les paroisses de boisson, et y ouvrit un véritable marché de votes.

En un mot, il inaugura ouvertement, avec l’orgie et la débauche, ce mode d’intimidation et d’achat des consciences qui s’est répandu depuis, d’une manière alarmante, d’un bout à l’autre du pays !

Les fêtes — véritables bacchanales — duraient depuis environ un mois, quand, effrayé des désordres affreux qui régnaient par tout le comté, le dimanche comme la semaine, le clergé éleva la voix pour rappeler les fidèles à leurs devoirs de chrétiens et de citoyens.

Les électeurs finirent par se ressaisir, puis la débandade se déclara parmi les partisans du candidat trop prodigue.

Le jour du scrutin — si ardemment attendu par M. de LaRue — arriva enfin, et le vaniteux rentier fut battu par une grande majorité !

L’or avait été vaincu par l’éloquence !

Les malins disaient : « Le bon Dieu s’est fâché et il a donné une bonne raclée au diable ! »

Cette élection avait coûté à M. de LaRue la somme fabuleuse de dix mille dollars… Le rusé notaire — va sans dire — avait eu le soin