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Victor, qui excellait dans le genre populacier, terminait chaque assemblée par une philippique échevelée, qui, dans l’esprit de son auteur, devait produire autant d’effet que les harangues de Démosthène contre Philippe de Macédoine… Le Macédoine, ici, était un avocat pauvre, mais doué de grands talents, qui venait d’entrer dans l’arène contre M. de LaRue.

M. de LaRue et Victor évitaient, naturellement, de se mesurer à la tribune avec leur éloquent adversaire…

Celui-ci jouissait d’une grande popularité, et il était évident pour tout le monde qu’il allait faire mordre la poussière au vaniteux rentier.

M. de LaRue, qui commençait à avoir des craintes sérieuses, dit un jour à Victor qu’il regrettait de s’être embarqué dans cette galère, car il avait compté sur une élection par acclamation…

— Je comprends, dit Victor, que cette opposition imprévue est bien désagréable pour vous, et j’admets que votre adversaire est un lutteur bien difficile à terrasser, mais,

« À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ! »

Et si vous triomphez contre lui, vous aurez certainement la chance de devenir ministre !

— Vous croyez, M. le notaire ?

— Oui, franchement, je le crois ! Cependant je regrette de constater que vous perdez du