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prêtre, en désignant son meilleur fauteuil à la visiteuse. Vous venez, sans doute, me donner des nouvelles de nos chers pauvres, que vous visitez avec une régularité qui vous fait grandement honneur.

— Non, M. le curé, car la pénible épreuve que je subis depuis quelques jours m’a fait négliger ces chers clients.

— Quelle est donc cette épreuve, mademoiselle ?

— Oh ! la plus douloureuse que le cœur d’une fiancée puisse recevoir de la part d’un père bien-aimé…

— Expliquez-vous, je vous prie, mademoiselle !

— Vous aviez sans doute entendu parler de mon prochain mariage avec M. Jean-Charles Lormier ?

— Oui, c’est mon ami Jean-Charles lui-même qui me l’a annoncé.

— Eh bien ! mon père s’oppose formellement à ce mariage.

— Que me dites-vous là, mademoiselle ?…

— Oui, M. le curé, mon père s’oppose à ce mariage parce que, dit-il, M. Jean-Charles Lormier n’est qu’un habitant ; et il veut que j’épouse M. Victor Lormier, parce que ce dernier est un professionnel

Ces mots blessèrent profondément le cœur si délicat du prêtre ; mais, voulant cacher l’émotion qu’il éprouvait et se donner un peu