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Le colosse reprend son travail avec plus d’ardeur, et, au bout de cinq minutes, Verret restitue à la mer le breuvage mortel.

Il est sauvé.

À la demande de la mère, le géant prend le jeune homme dans ses bras, comme il eut fait d’un petit enfant, et le place sur un matelas qu’on a mis dans une voiture pour transporter Verret à sa demeure.

Le vieux muet veut rentrer dans sa cabane ; mais il est entouré, retenu, pressé par la foule enthousiaste et reconnaissante.

Joachim Bédard et ses compagnons se démènent comme des gens qui ont perdu la raison. Ils sautent, chantent, rient et pleurent tour à tour !

Prenant les mains du colosse, ils les couvrent de baisers, et lui expriment leur profonde gratitude. Ils s’en éloignent, puis s’en rapprochent pour lui témoigner maintenant leur admiration, et l’assurer de leur dévouement.

— Monsieur ! s’écrie Joachim Bédard : vous vous êtes jeté dans l’eau pour nous sauver la vie ; eh bien, nous, tonnerre ! si jamais ça se présente, nous nous jetterons dans le feu par dessus la tête pour vous sauver ou pour vous défendre !

— Oui ! oui !…hourra ! hurlent les autres naufragés : nous donnerons volontiers notre vie pour sauver la vôtre !