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court, il s’empressait de le reprendre en disant : « mon véritable nom est M. de LaRue, ainsi que je puis le prouver par l’arbre généalogique de ma famille que j’ai obtenu du maire de Marseille, d’où mes ancêtres étaient originaires… Mais il ne montra jamais son fameux arbre généalogique… et ses co-paroissiens, un peu pour flatter sa vanité et beaucoup pour rire de lui, décidèrent, à l’unanimité, de l’appeler « M. de LaRue, » gros comme le bras ! Ce brave rentier aspirait aux charges honorifiques, et, à force d’intrigues et d’argent, il était parvenu aux postes de préfet de son comté et de président de la commission scolaire de sa paroisse.

Mais il est nécessaire d’avoir de l’instruction pour remplir convenablement les devoirs de ces deux charges, et M. de LaRue savait, à peine lire et écrire. Le rentier se trouvait quelquefois dans l’embarras. Alors, il avait recours à la science de Jean-Charles.

C’est celui-ci qui rédigeait les lettres officielles, les annonces, les adresses, et les improvisations de M. de LaRue, car ce personnage aimait à prendre la parole dans les occasions solennelles…

Jean-Charles, en un mot, était son inspirateur, son souffleur et son scribe : il faisait cuire les marrons et le rentier les mangeait ! Au reste,