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UNE DERNIÈRE ÉPÎTRE DE PHILIPPE

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« Montréal, 1er octobre 1814.

« Cher père François,

« Je dépose le fouet pour prendre encore une fois la plume. Mais je sais que je réussis mieux avec mon arme qu’avec celle des écrivains. Que voulez-vous ! chacun son métier, et les…

« Ce n’est pas pour me vanter que je dis ça, mais je crois du fond du cœur que la conversion du muscadin est due à la raclée que je lui ai donnée, il y a deux mois ! car, depuis ce temps-là, il n’a pas mis le pied au « Saumon d’or, » et j’ai appris qu’il passe toutes ses soirées le nez dans les livres… Voici comment j’ai appris la chose.

« J’étais tanné de faire le guet à la fenêtre de mon office (je veux dire à la fenêtre de mon écurie), et, pour me dégourdir, j’ai été, cinq ou six soirs de suite, faire les cent pas, comme disent les gens instruits, en face de la demeure du muscadin, pour épier ses simagrées. Mais chaque soir je revenais bredouille, n’ayant seulement pas aperçu le