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c’était le tonnerre qui mettait d’accord les sons de sa sinistre et mâle voix.

Mais notre artiste, grisé par les applaudissements, chante, chante toujours. Et ses compagnons, ivres de joie et de liberté, continuent à jouer de la pagaie et de la rame, sans même soupçonner l’approche de la tempête. Pourtant, s’ils dirigeaient leurs regards vers le nord, ils verraient maintenant plusieurs nuages se rapprocher pour ne former bientôt qu’un seul et immense rideau dont l’un des coins menace d’obscurcir le soleil !

Verret en est à sa dixième chanson, et il chante avec une verve endiablée :

C’est l’aviron,
Qui nous mène,
Qui nous monte !
C’est l’aviron
Qui nous monte
     En haut !


quand, soudain, le vent s’élève avec une rage épouvantable ; un long serpent de feu déchire la nue et la foudre éclate !

— Au rivage ! s’écrient tous les rameurs.

Un nouvel éclair sillonne le firmament et la pluie, une pluie torrentielle, se met à tomber !

Les rameurs essayent, mais vainement, de diriger leur embarcation vers la ville.

La frayeur s’ajoutant à l’inexpérience, paralyse leurs membres, et la chaloupe, mal