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Mme  Lormier fit un haut-le-corps, comme une personne qui s’éveille en sursaut, et dit : « Où est-elle, cette femme ?… où est sa lettre ?…

— Quelle femme, et quelle lettre ? interrogea le père Lormier. Mais, en disant cela, il aperçut une feuille de papier dans un pli du tablier de sa femme. Il la parcourut rapidement, puis la jeta sur le plancher en s’écriant : « Mon Dieu, est-il possible !… »

Jean-Charles, à son tour, lut la lettre et ne put retenir ce cri d’indignation et de colère : « Le misérable ! encore lui… » Mais il se calma aussitôt, et glissa le papier dans sa poche.

— Allons, femme ! reprit le père Lormier : du courage, et remettons tout entre les mains de Dieu…

— Oui, ma mère, ajouta Jean-Charles, soyez courageuse, et je vous certifie, qu’avec l’aide de Dieu, tout va s’arranger pour le mieux. D’abord, il ne faut pas ajouter entièrement foi aux paroles de cette femme ; et qui nous assure que cette lettre n’a pas été forgée par un ennemi de Victor ? Je sais que Victor s’est oublié parfois, mais je sais aussi que, depuis quelques semaines, il ne sort plus le soir et consacre tous ses loisirs à l’étude. Un ami m’a fourni ces renseignements qui, au reste, sont confirmés par la femme Dodridge. Elle nous dit, en effet, qu’elle n’a pas vu Victor depuis plus d’un mois.